Lettre du 3 avril 1917 de Marcel Sibaud

Valréas, le 3 avril 1917

 

Ma petite chérie,
Journée peu reluisante ! Cette nuit il a plu et grêlé averse et ce matin les montagnes étaient couvertes de neige de haut en bas. Matinée très fraîche puis soleil très chaud. Au milieu de la journée pendant la manœuvre nous avons été pris dans un nuage de grêle. Après cela de nouveau soleil et temps doux.
A brûle-pourpoint le capitaine m’a donné le commandement de la compagnie avec fort peu d’indications et en pressant beaucoup. Bien que m’étant débrouillé comme j’ai pu et non sans mal dans ce terrain raviné (j’étais en nage et mon front ruisselait tellement sur mon binocle que je n’y voyais plus). J’ai été rien moins que brillant. Justement il est arrivé le colonel et commandant, cela tombait plutôt mal.
Avec cela depuis hier matin le capitaine ne m’a pas reparlé de ma permission. Je vais lui redemander demain. Je n’ai pas voulu le faire ce soir n’ayant pas été assez brillant.
Mon mal de gorge et d’oreille est complètement passé.
Je suis bien content de savoir que petit Yves devient un vrai petit homme courageux et pas douillet. Il n’en sera que mieux armé pour la lutte.

Voilà selon l’heure à laquelle je pourrai partir l’horaire de mes trains :
Valréas 7h16 / 16h50
Pierrelatte arr. 8h41 / arr. 18h15
dép. 13h16 / dép. 22h32
Valence arr. 15h14 / Montélimar arr. 23h11
dép. 20h24 / dép. 2h58
Paris 8h35 / 18h15
Total 25h ¼ // 25h ½

Je pense plutôt partir matin si l’on ne doit pas me refuser l’accès du train poste ce qui me retarderait de 11 heures et me ferait 36 heures de voyage. Si ce train m’était refusé, je partirai le soir à 6h50 et tâcherai que cela ne compte pas sur ma permission.
Pour finir les idées je partirais par exemple vendredi soir et serais à Paris samedi soir à 18h15.
Mais ce ne sont encore que des projets car je n’ai toujours rien de ferme.
Je partirais de Paris par le train de 20h15 et arriverais le lendemain soir à 20h29.
Comme il en avait été question il y a des coloniaux désignés pour partir cette semaine mais je n’en suis naturellement pas.
Je viens de recevoir une gentille lettre de tantes Marie et Amélie. Un mot également d’oncle Jules sur papier de boucher.
Je te quitte en t’embrassant mille et mille fois ainsi que les petits.
Amitiés aux mamans.
Ton Marcel.


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