Lettre du 3 avril 1917 d’Emilie Sibaud

Vincennes, le 3 avril 1917
Mardi matin 8h ½

 

Mon chéri,
C’est à deux lettres de toi que je réponds ce matin. J’ai reçu à 3h ½ comme d’habitude ta lettre écrite le 30 au soir partie de Valréas le 31. Et ce matin je viens d’avoir le plaisir de lire une autre lettre écrite le 31 et partie le 1er de Valréas. Elles m’ont faites bien plaisir toutes les deux ; j’espère que tu as reçu maintenant le mandat et que tu ne manques pas d’argent.
Ce matin nous nous sommes levés à 6 h moins le ¼. Maman et Mme Huet son allées voir chez Bernot. Auront-elles du charbon ? Je n’ose l’espérer. Elles sont partie à 8h, il est 8h ½. C’est surtout en vue de l’hiver prochain que nous voulons nous approvisionner.
Je n’ai pu encore sortir notre mignonne, je crois que décidément si ce vent continue, ce sera toi qui lui fera faire sa première promenade.
Toutes mes félicitations pour ton nouveau grade, en ce qui concerne ton congé, tu devrais avoir plus que les autres car ta permission de naissance doit être en plus ; c’est un droit. Enfin tu es plus à même que moi de savoir ce qu’il faut faire. Mais tu sais celui qui ne demande rien n’a rien.
Envoie-moi une dépêche pour me dire l’heure à laquelle tu penses arriver.
Comme je vais être heureuse de te voir mon chéri, j’en aie le cœur qui bat rien que de penser que samedi j’aurai peut-être le bonheur de t’embrasser, la joie de te voir admirer la toute petite, ton bon diable de Toto.
Je vais parler à mon oncle pour la sortie de Valréas, si cela tient du ministère, il lui serait plus facile de voir peut-être.
J’ai rangé des vêtements après les avoir brossés et tapés. Ils n’ont rien d’abîmé. Il est vrai qu’il a fait si froid. J’arrange la maison petit à petit. Ce vilain temps me semble le plus radieux possible car je t’attends, un coin de bleu dans le ciel gris, me fait augurer d’une accalmie, espérer un peu de soleil, ton court trop court séjour prochain est le coin bleu dans mon ciel gris. Ce serait aussi l’accalmie dans mes perpétuelles craintes ! Les anglais sont aux portes de Saint-Quentin.
Je ne t’écris pas longuement ce matin ; je suis obligée de m’occuper des enfants. Ce n’est pas une petite affaire. C’est sœurette la plus sage, elle…. Dort !
Au revoir mon chéri, je t’embrasse mille et mille fois.
Tout à toi

Emilie

Caresses bien tendres de tes deux petits anges !
N’oublies pas de prendre des secondes classes.
Maman vient de revenir ayant eu 50K de charbon. Elle avait été séparée de Mme Huet.


Commentaires fermés sur Lettre du 3 avril 1917 d’Emilie Sibaud

Filed under Lettres d'Emilie Sibaud

Comments are closed.