11 novembre 1918 bientôt oublié ?

Chers lecteurs,

Il est rare que je m’adresse à vous directement, ce site étant voué avant tout à vous présenter sans polémique ni interprétation une correspondance de guerre entre un mari et sa femme. Mais le 11 novembre est une date importante, une date de souvenirs et de mémoire.

Sortons nos livres d’histoire :

L’armistice, signé le 11 novembre 1918, à 5 h 15, marque la fin des combats de la Première Guerre mondiale (1914-1918), la victoire des Alliés et la capitulation de l’Allemagne. Le cessez-le-feu est effectif à onze heures, entraînant dans l’ensemble de la France des volées de cloches et des sonneries de clairons annonçant la fin d’une guerre qui a fait plus de 18 millions de morts et des millions d’invalides ou de mutilés. Les généraux allemands et alliés se réunissent dans un wagon-restaurant aménagé provenant du train d’État-Major du maréchal Foch, dans la clairière de Rethondes, en forêt de Compiègne.

Emilie Sibaud, l’héroïne involontaire de ce site, ne cesse dans sa correspondance de souhaiter la fin de cette guerre, « quand finira-t-elle ? », quand retrouvera-t-elle son mari, sa vie de famille, sa tranquillité ?

Alors oui aujourd’hui le dernier survivant est mort, est-ce l’occasion de reléguer au second plan 14-18 au profit d’une journée consacrée « aux morts pour la France » ?  Sincèrement je n’espère pas. Pas parce que je suis arrière-petite-fille d’un poilu, mais parce que, quoi qu’on en dise, les journées de commémoration permettent aux plus jeunes d’apprendre et aux autres de ne pas oublier. Je me souviens petite-fille au primaire où quelques jours avant le 11 novembre notre institutrice nous demande d’écrire quelques mots sur ce que représente cette date. Certes mes parents nous avaient fait découvrir Verdun, les cimetières du Nord, l’ossuaire de Douaumont, mais tous les enfants n’ont pas cette chance. Il me semble que c’est à cet instant que la République a son rôle à jouer. Ne pas oublier 14-18, c’est se souvenir d’une génération sacrifiée, des erreurs du passé, des espérances aussi, des hommes et des femmes dont la vie a été bouleversée, d’enfants nés sans la présence de leur père, etc. Reprenant les propos d’un invité sur le plateau de France 2 ce matin, commémorer le 11 novembre, c’est aussi apprendre une histoire parfois encore à étudier et à découvrir, notamment le rôle des colonies et des Antilles (surtout lorsque son arrière-grand-père a commandé un régiment Sénégalais… et que l’on sait à quel point il tenait à ses hommes).

En réalisant ce site, j’espère participer à ce devoir de mémoire, j’espère faire survivre l’histoire d’amour d’un jeune couple marié, l’histoire très simple d’une famille séparée par la guerre, l’histoire d’Yves et Marcelle, deux enfants de la guerre, d’une femme désemparée loin de son amour de toujours, d’un homme loin des siens face aux dangers.

Pensons à l’ouverture d’un musée dédié à la Grande Guerre à Meaux, pensons au centenaire du début de la guerre en 2014 et espérons que cela servira à faire perdurer une mémoire qui n’existe aujourd’hui plus que par témoignages.

Aujourd’hui je pense à ma grand-mère, aux leçons qu’elle m’a données, à sa sagesse et parfois sa folie, à son innocence aussi. Ce qu’elle m’a transmis, je veux le transmettre à mon tour ; écrire pour que l’oubli ne l’atteigne pas.

Emilie-Charlotte François


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