Lettre du 28 avril 1917 d’Emilie Sibaud

Vincennes, le 28 avril 1917
Samedi matin

 

Mon chéri,
Je vais probablement retourner à Auteuil, mais peut-être pourrais-tu écrire pour le 23e. Je crois que cela n’a rien d’excessif, ou plutôt je vais écrire à Suzanne d’être mon intermédiaire. Pour les berlingots je crois qu’une boîte moyenne est très suffisante, une petite même peut très bien aller.
Comment cela s’est-il fait que tu sois tombé, tu as dû te faire très mal et tu ne veux pas me le dire. Donne-moi au plus tôt de tes nouvelles et ton pied ?
Si tu me disais exactement ce qu’il faut dire à Auteuil, ce serait peut-être mieux. Sais-tu ce qu’il vous faut être affecté plus à un endroit qu’aux autres ? Sur quoi se base-t-on ? En tous les cas, je crois que pour les mitrailleurs, que tu seras, il pourrait être utile certainement, du reste il peut se produire bien des changements, même à partir du 12 mai, aussi bien qu’avant, ce qu’il faudrait c’est le 23e.
Hier il a fait beau, toujours un peu de vent ! Yves est allé faire une grande promenade dans le bois avec maman. Mon cher petit fardeau ne m’a pas permis d’aussi grande visée ! J’ai travaillé près d’elle. Si tu savais mon chéri, comme elle est mignonne et caressante aussitôt qu’on en parle, elle rit, toujours douce, quand elle pleure elle prend un petit air malheureux mais malheureux auquel je ne peux résister, il faut que je l’embrasse, alors elle se calme. C’est une petite sensible, un bruit trop violent la fait sauter, un chant doux la fait se prélasser d’aise. J’aime la vivacité et pétillance d’Yves mais pour une maman qui a de la peine, la douceur de notre toute petite est bien précieuse. Quand je lui dis « vous allez voir votre papa, il vous trouvera mignonne » tout de suite elle rit, on entend même des petits éclats de rire maintenant.
Demain dimanche s’il fait beau, je pense les sortir tous les deux. Je mettrai sœurette en voiture.
Tant mieux pour Devoyaud qu’il soit mis dans l’auxiliaire. Il a eu de la chance, car il y en de plus faibles que lui qui venaient d’être pris bon pour le service armé.
Je te quitte mon chéri en t’embrassant mille et mille fois. J’espère avoir bientôt de tes bonnes nouvelles.
Tout à toi.

Emilie

Caresses affectueuses des tout petits.
Amitiés des mamans.


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