Lettre du 17 avril 1917 d’Emilie Sibaud

Vincennes, le 17 avril 1917
Mardi matin

 

Mon chéri,
J’ai reçu hier au soir avec un vif plaisir ta lettre.
Hier après-midi nous avons été au cours de notre promenade porter ton colis à la gare. J’espère que tu le recevras bientôt. Il contient autre les 2 quatre-quarts annoncés, du chocolat au lait, une boîte de jambon pour changer du pâté, du [?] à mettre avec ton pain, des confitures, la fameuse brosse, le papier, des œufs durs, je crois que c’est tout.
Hier j’ai été aussi porter la voiture à réparer, mais en voici bien une autre ! Les roues se sont usées à rouler sans pneu et l’on craint que ceux-ci ne tiennent pas, c’est bien ennuyeux. Je me demande ce que je dois faire, dis-moi, dois-je tenter la réparation obligatoire qui monte à 45 fr, malgré ces fameuses roues abîmées, ou bien prendre une voiture neuve, soit par exemple 75 fr., me faisant vendre ma voiture dans les 20 fr. Cela ne me fait pas une grosse différence, quand penses-tu ? Ta mère, elle, n’y voit pas d’inconvénients. Je suis perplexe, d’un côté la suspension de l’ancienne voiture n’est plus si bonne, tout étant un peu mal vue maintenant. Enfin j’attends ta réponse pour me décider.
J’ai sorti sœurette hier mais aujourd’hui hélas : pluie, vent, etc. Nous voici bloqués à la maison. Yves est allé au marché avec maman.
Ne t’inquiète pas de ma santé, cela n’a été qu’un léger malaise dû sans doute en partie aux émotions que j’ai traversé et surtout au froid. Mais tout est fini et au contraire je vais plutôt mieux, je crois, que lorsque tu es venu. Je reprends des forces, j’ai rencontré plusieurs fois le docteur Campergues qui m’a trouvé bonne mine.
Nous irons probablement déjeuner vendredi chez les Gallo. J’ai déjà lancé un jalon pour les « propositions », j’ai préparé le terrain.
Cela va être un petit voyage puisqu’une expédition avec les deux enfants.
J’ai reçu une longue lettre de tante Amélie, toujours aimable. Elle nous invite à faire un séjour à Clermont. Pendant que j’y songe, si tu passes par Clermont, ne dis pas trop à Oncle Emile que l’on t’avait bien équipé pour aller à Valréas ; laisse lui comprendre que son envoi de l’année dernière t’a servi au contraire à être bien équipé, il sera content comme cela. Tu sais, c’est une idée personnelle si tu crois mieux faire en parlant autrement, que je ne t’influence pas.
Nous sommes toujours assez malheureux pour le charbon heureusement le chantier mairie ouvre vendredi.
Cet hiver n’en finit pas, si seulement c’était le dernier de la guerre ! Notre offensive semble nous faire de belles promesses mais on n’ose plus fonder trop d’espoir ! Allons, je te quitte mon chérie en t’embrassant mille et mille fois de tout cœur.
Tout à toi.

Emilie

Les bonnes caresses de sœurette avec son plus doux sourire, et gros baisers de ton cher petit Yves.


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