Lettre du 11 avril 1917 de Marcel Sibaud

Valréas, le 11 avril 1917

 

Ma petite chérie,
Tu as dû recevoir ma dépêche t’annonçant mon excellent voyage. Evidemment quand le train a pris le large et que je me suis retrouvé seul, je ne dirai pas dans mon coin, mais avec moi-même, j’ai trouvé la transition un peu brusque et nos deux jours de réunion bien vite envolés. Mais ce bref séjour m’a tout de même donné un élan appréciable pour le temps qui reste à faire. Et toi ? Es-tu bien rentrée ; ne t’es-tu pas fait trop de bile ? Toto et Marcelle ont-ils été sages ?
J’ai fait un excellent déjeuner vers 11h ½ quand le wagon restaurant a fait annoncer 1er service. Ma musette si bien préparée par toi a tenu les promesses de sa corpulence. Le vin blanc était délicieux. A Dijon, j’ai eu un creux. J’ai goûté vers 4 heures et 7 heures en quittant Lyon j’ai fait un dîner aussi bien que le déjeuner.
Contemplé les ruines de la Neuville-sur-Saône où a eu lieu une explosion. Beau travail ! Arrivé à Montélimar avec une heure de retard. Pris une chambre à l’hôtel du parc (chambre fort convenable mais 3 frs). On m’avait dit que la voiture partait à 4h ½. A 4 heures, j’étais prêt et j’ai attendu jusqu’à 6 heures moins le quart. Arrivé à Valréas vers 10 h. Mon télégramme a été envoyé de Grignan pendant qu’on changeait les chevaux. En arrivant trouvé une gentille lettre de Clermont et une de Devoyod. Hier soir il y avait une manœuvre de bataillon devant le général. Demain ce sera pareil.
Les 2 redoublants qui ont été envoyés au camp du Courneau et qui n’ont jamais été au front français sont affectés à l’instruction des élèves-officiers. En dehors de la coloniale, certains élèves du dernier cours (infanterie) sont encore au dépôt divisionnaire.
Un départ d’élèves aura lieu cette semaine (16 je crois). D’après ce qu’on dit les propositions seraient faites vers le 21 de ce mois, celles de la coloniale recevant suite au ministère. La dernière semaine d’instruction est la semaine prochaine. Les deux suivantes sont de la révision. La revue aura lieu le 5 mai. Les départs le 8.9.10.11.
A la manœuvre, j’ai remercié le capitaine qui m’a causé fort aimablement  sur un mode encourageant. Il m’a demandé de tes nouvelles, de celles des petits, m’a répété qu’il avait tenu à m’avoir avec lui, etc.
Je viens d’aller porter mon linge et vais tâcher de ne pas me coucher trop tard car demain nous partons à 5h 45.
En attendant le plaisir de te lire, je t’embrasse mille et mille fois ainsi que les petits.
J’espère que l’indisposition de ta mère n’a pas augmenté et que tu pourras m’en donner de meilleures nouvelles.
Ton Marcel


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