Lettre du 20 février 1917 de Marcel Sibaud

20.2.1917

 

Ma petite chérie,
Ce soir je vais me coucher plus tard que jamais : voici 10 heures, je n’ai pas encore fini de remettre à jour les 4 conférences d’aujourd’hui. Tant pis : demain il fera jour quoiqu’il le fasse à peine quand nous nous levons à 6h en principe, à 5h45 au plus tard en fait. Quel gavage !
Enfin j’ai reçu ta lettre, c’est toujours un bon moment de la journée. Mais cela m’ennuie de voir que tu te tourmentes ; il ne faut pas te laisser aller aux idées noires, évidemment l’éloignement est pénible mais dis-toi bien que si la fatigue physique existe, on est bien nourri, bien couché et que je pense à toi comme si j’étais là. Plus tard si nous le pouvons, nous tâcherons de revenir par ici et je t’expliquerai un peu sur place notre vie ici. Je goûte toujours vers 5 heures car j’ai très faim.
Morel est dans une autre section que moi et je n’ai guère la possibilité de le voir pour la bonne raison que je ne mets plus le nez dehors sauf pour le service. Le missionnaire dont je t’ai parlé était comme moi marsouin de 2e en arrivant. Dans la coloniale on passe caporal au bout d’un moi ici puis sergent vers le 2e /3e mois. Il est donc maintenant sergent et redouble pour un mois.
Merci de l’envoi de la lettre de Pinon, je tâcherai de lui répondre un de ces jours.
Les cartes lettres d’ici ont l’avantage de simplifier les souscriptions : elles sont assez commodes.
Pour l’envoi d’argent, j’aimerai autant mieux le moyen qui laisserait le moins voir combien je reçois.
Je te quitte pour ce soir en te suppliant de ne pas te faire de bile et en t’embrassant bien tendrement.
Ton Marcel

Bons baisers à Toto. Amitiés aux mamans.


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