Valréas, 16.2.1917
Ma petite chérie,
Reçu ce matin au déjeuner ta lettre du 13. Marie ne m’a pas encore écrit mais j’ai écrit à oncle Emile. Enchanté de savoir que la doctoresse t’a trouvée en bon état. Tant mieux si comme elle croit c’est un beau garçon. Ce sera fort à l’honneur de la maman, si la théorie de cousin Gustave est vraie. Tant mieux surtout si le froid diminue. Aujourd’hui manœuvre assez loin en terrain accidenté. Aller et retour en camion automobile confortable. Beaucoup à faire et cela ne fait que commencer. Demain interrogation, aussi je n’écris que 2 mots. Je continue à prendre du vin blanc. 1 fr. 25 le litre mais cela me fait au moins 2 jours y compris le goûter car au retour de la manœuvre j’ai bien faim et soif. Dimanche je serai de jour, je n’avais d’ailleurs pas l’intention de prendre de permissions. J’espère obtenir de mon proprio de l’eau chaude pour me laver.
Le capitaine Codechèvre est vraiment un officier remarquable à tous égards. Tu pourras le dire à Mme Codechèvre si tu lui écris. Je l’ai dit aussi à son oncle.
Je ne peux pas avoir besoin d’argent d’ici quelques temps. Je ne paierai ma chambre que le 12 mars et j’ai encore plus de 42 f. 50.
Mille baisers de ton Marcel.
Bons baisers à bébé. Amitiés aux mamans.