Lettre du 15 février 1917 d’Emilie Sibaud

Vincennes, le 15 février 1917
Jeudi matin

 

Mon cher Marcel,
Je reçois à l’instant ta lettre du 12, je l’attendais avec impatience. J’espère que maintenant tu as du recevoir mes lettres ?
Hier après-midi, nous avons été voir Madame Sibaud qui avait reçu aussi de tes bonnes nouvelles.
La température est plus douce. Je veux croire que Valréas est aussi favorisé que nous. Le pays, me dis-tu, est pittoresque, que ne puis-je le regarder avec toi ! Je me demande, tu vas dire que je suis pas raisonnable, peut-être je me demande si au mois d’avril, je n’irais pas avec le tout petit seul passer un peu de temps près de toi.
Tu as dû voir maintenant le capitaine Codechèvre, et tu dois commencer à prendre un peu tes habitudes. Prend une chambre,  ce sera certainement plus agréable pour toi et s’il te manque de l’argent, écris-le moi.
Je pense que tu pourras bien acheter les molletières que tu as vues, car elles coûteront peut-être plus chères plus tard.
En attendant tu as bien fait de prendre les petites courroies jaune. Si tu as des liens en double, renvoie-moi ceux que tu as emportés et qui te gênent peut-être.
Je vois que vous avez un emploi du temps très rempli, pourvu que tu ne sois pas trop fatigué !
Nos santés sont toujours bonnes et je crois que le relèvement de la température nous sera encore favorable.
Dans ma lettre du dimanche, je te disais que j’avais remercié Tante Amélie de son envoi. Lundi j’ai eu une lettre de Marie qui me disait qu’elle avait des amis à La Palud.
Dans ma lettre aussi je te disais que j’avais vu Mlle Campergue, que tout allait bien de ce côté et sans trop te donner d’espoir, elle penche pour la classe 36.
Nous avons eu aussi la visite de Mme Banault, elle était déjà venue pendant notre absence, ce devait être la dame entre deux âges ! Mme Toussaint n’est pas difficile !!
Yves réclame pour t’écrire, il a beaucoup de choses à te dire ! Paraît-il, il était très fier que tu es mis à part « bons baisers à Toto ! », il est en train de mettre une plume dans le porte-plume marron trouvant que je ne vais pas assez vite. Voyez-vous cette impatience ! C’est lui qui chaque jour met tes lettres à la poste et avec quel soin !
Nous allons aller porter celle-ci tout les deux en allant dire bonjour à grand-mère Sibaud, nous chargeons notre lettre de nos meilleurs et plus tendres baisers pour toi, espérant avoir bientôt de tes bonnes nouvelles, au revoir mon chéri.

Tout à toi.
Emilie

[Ligne d’Yves]
Mon cher papa,

Pan ! Je t’écris mon petit mot. Toto est bien sage, il voudrait bien que tu achètes des molletières pour lui. Je te quitte pour aller porter ta lettre à la poste en allant faire un coup à grand-mère Sibaud. Tu sais je t’écris tout seul pour te dire des petites choses à l’oreille. Je t’aime bien fort, et je suis bien raisonnable avec maman. Je crois que bientôt on va m’apporter un petit frère dans un manchon.
Gros baisers de ton petit Yves.


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