Lettre du 24 avril 1917 de Marcel Sibaud

Valréas le 24 avril 1917

 

Ma petite chérie,
La journée n’a pas été trop dure. Mais j’ai encore à travailler ce soir. Je t’écris d’abord. Tu m’as dit qu’il fallait avant tout être affecté à  un régiment. Mais sais-tu je puis espérer le 23e colonial à Paris. Je le voudrais bien.
Ce matin, en descendant dans l’escalier en colimaçon de ma sacrée cellule de moine, je suis allé donner la tête la première contre le chambranle de la porte en bas d’où une grosse ecchymose au front.
J’ai déjà mangé les 2 œufs durs, ils étaient excellents ; les confitures me font un excellent goûter et je suis au milieu d’un quatre quarts. Les bruits divers continuent à courir. L’école d’après les uns subsisterait mais pour les officiers. La moitié d’entre nous irait à Salonique d’après les autres. D’après un autre son on nous affecterait presque tous à l’instruction de la classe 1918. Je te donne tout cela pour ce que ça vaut.
J’ai reçu une gentille lettre d’Orrin. Il me recommande surtout de la prudence en raison de la petite famille qu’il prévoit d’augmenter encore ! Devoyod est versé dans l’auxiliaire.
Je passe maintenant à ta gentille lettre.
Je me plais à relire ton évocation de notre pauvre vieux salon avec son lustre rose ; ici bien des arbres sont roses de fleurs ; il faut bien espérer que la vie sera encore colorée de leur reflet. Je ne voudrais pas te voir t’attrister trop, songe que dans moins de 20 jours je serai à la maison pour un temps appréciable si le sort m’est favorable. Nous irons faire ensemble mes achats d’équipement.
Cela nous rappellera le temps où nous cherchions des échantillons pour un uniforme de payeur certes moins reluisant. Et puis, comme tu le dis si bien, tu as les petits et ta conscience d’avoir à les protéger devait, j’en étais sûr, te donner de la force.
Je suis heureux de savoir que l’humeur est meilleure à la maison. Je te remercie pour le bon que tu as fait parvenir à maman.
Je rapporterai une boîte de berlingots à Suzanne. Faut-il, dis-moi, en prendre une petite, une moyenne comme celle que je t’ai envoyée ou une de la taille au-dessus comme j’ai porté aux dames Salignon ?
Je te quitte, ma petite chérie, en t’embrassant mille et mille fois.

Ton Marcel

Bons baisers aux petits.
Amitiés aux mamans.


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