Lettre du 25 janvier 1917 de Marcel Sibaud

Milly, le 25.1.17

 

Ma petite chérie,
Ma situation à Milly semble s’être bien précisée aujourd’hui : je mange à la table des sous-officiers moyennement cinq sous par jour (mon prêt). La cuisine est bien faite et abondante. A tour de rôle les 2 sergents coloniaux avec qui je suis venu et moi nous payons 1 litre de cidre par repas (coût 0f0). Quand au couchage après une nuit passée dans le cantonnement des sous-officiers, pour n’avoir guère envie de recommencer et la nécessité s’imposent pour tous de trouver une chambre. Je me suis trouvé moi aussi poussé à faire des folies qui paraissent cependant moins folles quand on est sur les lieux. J’avais pensé à louer pour coucher chez Mlle Lacroix où j’avais recommencé à venir écrire. Mais il fallait allumer du feu d’où frais et embêtement, et c’était 1 fr. par jour. Mlle Lacroix vraiment bien aimable m’a indiquée une dame veuve de ses amies qui reçoit tout le corps médical. Les galons me faisaient un peu peur et j’hésitais à me décider. Mais je ne regrette plus d’avoir loué. Je t’écris ce soir ayant pu quitter la capote dans une pièce bien chauffée pendant que ma veille propriétaire tricote et que M. le Major à 2 galons fait du filet ! Ma chambre est au-dessus, non chauffée mais douillette et j’ai de l’eau chaude le soir pour me laver. C’est encore 1 fr. par jour mais ni chauffage ni éclairage, c’est appréciable. Les 2 sergents ont loué à 10 frs les 15 jours mais ils doivent se chauffer. J’ai profité de ce que je n’avais rien à faire aujourd’hui pour écrire un peu à M. K[ ?], à Auguste. Ce soir je vais travailler après t’avoir écrit et sous ma capote c’est fort agréable. J’ai vu le colonel et le commandant qui ont été fort aimables.
Mlle Lacroix n’a pas voulu que je lui paie le temps passé chez elle ; elle m’a dit que je viendrais bien la voir avant de partir, ce à quoi j’étais bien décidé et elle aimerait avoir des nouvelles de la naissance. Elle vous envoie ses amitiés.

 

Je t’embrasse milles fois ainsi qu’Yves. Amitiés à ta mère.

Ton Marcel


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