Lettre du 24 avril 1917 d’Emilie Sibaud

Vincennes, le 24 avril 1917
Mardi matin

 

Mon chéri,
J’ai reçu ce matin ta carte de Pierrelatte et ta lettre, je sens que ton état de santé laisse à désirer, tu dois être trop fatigué. Vois-tu depuis plusieurs jours j’étais triste, je ne sais pourquoi je me disais que tu ne devais pas bien aller.
Tu penses très bien écrire à Auteuil. Mon oncle m’a dit que c’était toujours un plaisir pour lui de te lire, tu pourrais peut-être lui donner quelques détails, quelques renseignements en vue de ce que tu sais ou si tu préfères, écris le moi et j’irais. Jusqu’ici nous n’avons pu décider encore de rien, n’ayant pas beaucoup de tuyaux et d’après lui aide efficace serait plutôt auprès du régiment. Il va du reste se renseigner là où il est. Ma tante et Suzanne le presse beaucoup question état-major ou instructeur. Peut-être retournerai-je ces jours-ci, mais elles doivent venir nous voir.
Ta journée de dimanche a dû être gâté par la fatigue quand je songe à cela, j’en ai envie de pleurer… je te sens triste, le surmenage s’emmêlant, tu dois être malheureux.
Je suis étonnée que tu n’es pas reçu le colis.
Pour la voiture, je suivrai ton conseil, nous devons du rester aller voir aujourd’hui avec ta mère.
Nos tout petits vont toujours bien, pourvu que la contagion ne les atteigne pas. J’ai soigneusement évité tout rapprochement avec Roger qui a la rougeole très très forte, ses pauvres yeux sont, paraît-il, très atteints.
Merci mon aimé de ta gentille fleurette, chère petite fleur que tu as sans doute cueillie toi-même, elle m’apporte un peu de l’air que tu respires, mais ton mot pour l’avenir m’a attristée toi toujours si optimiste, si encourageant. Alors c’est moi qui à mon tour vais te dire il faut espérer, croire que demain sera une aube nouvelle de bonheur. T’avoir mon chéri ! te voir heureux auprès de tes chers petits, c’est ce que je demande chaque jour.
Tiens voilà sœurette qui réclame. Je te quitte mon chéri en t’embrassant mille et mille fois de tout cœur. Nos chers mignons t’envoient leurs plus doux baisers et la caresse de leurs petites mains ; qu’ils sont beaux tous les deux, ah ! La vie est bête quand nous pourrions être si heureux, être séparés ! Encore de bons baisers !
Tout à toi.

Emilie


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Lettre du 24 avril 1917 de Marcel Sibaud

Valréas le 24 avril 1917

 

Ma petite chérie,
La journée n’a pas été trop dure. Mais j’ai encore à travailler ce soir. Je t’écris d’abord. Tu m’as dit qu’il fallait avant tout être affecté à  un régiment. Mais sais-tu je puis espérer le 23e colonial à Paris. Je le voudrais bien.
Ce matin, en descendant dans l’escalier en colimaçon de ma sacrée cellule de moine, je suis allé donner la tête la première contre le chambranle de la porte en bas d’où une grosse ecchymose au front.
J’ai déjà mangé les 2 œufs durs, ils étaient excellents ; les confitures me font un excellent goûter et je suis au milieu d’un quatre quarts. Les bruits divers continuent à courir. L’école d’après les uns subsisterait mais pour les officiers. La moitié d’entre nous irait à Salonique d’après les autres. D’après un autre son on nous affecterait presque tous à l’instruction de la classe 1918. Je te donne tout cela pour ce que ça vaut.
J’ai reçu une gentille lettre d’Orrin. Il me recommande surtout de la prudence en raison de la petite famille qu’il prévoit d’augmenter encore ! Devoyod est versé dans l’auxiliaire.
Je passe maintenant à ta gentille lettre.
Je me plais à relire ton évocation de notre pauvre vieux salon avec son lustre rose ; ici bien des arbres sont roses de fleurs ; il faut bien espérer que la vie sera encore colorée de leur reflet. Je ne voudrais pas te voir t’attrister trop, songe que dans moins de 20 jours je serai à la maison pour un temps appréciable si le sort m’est favorable. Nous irons faire ensemble mes achats d’équipement.
Cela nous rappellera le temps où nous cherchions des échantillons pour un uniforme de payeur certes moins reluisant. Et puis, comme tu le dis si bien, tu as les petits et ta conscience d’avoir à les protéger devait, j’en étais sûr, te donner de la force.
Je suis heureux de savoir que l’humeur est meilleure à la maison. Je te remercie pour le bon que tu as fait parvenir à maman.
Je rapporterai une boîte de berlingots à Suzanne. Faut-il, dis-moi, en prendre une petite, une moyenne comme celle que je t’ai envoyée ou une de la taille au-dessus comme j’ai porté aux dames Salignon ?
Je te quitte, ma petite chérie, en t’embrassant mille et mille fois.

Ton Marcel

Bons baisers aux petits.
Amitiés aux mamans.


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Lettre du 23 avril 1917 de Marcel Sibaud

Valréas, le 23 avril 1917

 

Ma petite chérie,
Je suis rentrée trop tard hier soir pour pouvoir t’écrire. Mon train à l’aller n’avait que 40 minutes de retard. J’ai trouvé à la gare la plus jeune des demoiselles Salignon qui souffre assez à l’estomac en ce moment. Il y avait encore un excellent petit déjeuner très fin auquel j’ai fait le plus grand honneur. Poulet bien à point et pour finir une bonne crème au chocolat et un petit verre de muscat du meilleur goût. Après déjeuner petit tour très court à cause du vent infernal. A 5 heures remise à table pour finir les restes encore fort respectables. Puis en route pour la gare. Là gros retard et grosse émotion. Le chef de gare me dit que le retard est si important que sans doute la correspondance ne sera pas assurée. Tu juges de mon nez, près de 30 km à faire à pied sans carte en pleine nuit ! Heureusement il a téléphoné dans les 2 sens et m’a dit enfin que la correspondance attendait. J’ai poussé un vrai soupir de soulagement, surtout à cause de mon mal au pied. Je suis arrivé à Valréas à 10 heures. J’ai vite fait mon lit et me suis couché non sans avoir lu ta lettre.
Ce que tu me dis dans ta lettre de ce matin m’a beaucoup intéressé. Le colonel dont tu me parles est-il donc colonial ?
Je crois que rien ne sera changé pour les congés.
Je te quitte pour ce soir car il est tard et je tombe de sommeil.
Ton Marcel

Bons baisers aux petits.
Amitiés aux mamans.


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Lettre du 22 avril 1917 d’Emilie Sibaud

Vincennes, le 22 avril 1917
Dimanche soir

 

Mon chéri,
Je n’ai pas eu le plaisir de te lire aujourd’hui, peut-être aurai-je deux lettres de toi demain.
J’ai bien pensé à toi dans cette journée de dimanche, tu as dû voir les dames Salignon. Le voyage ne t’a-t-il pas trop fatigué ?
Il a fait beau, mais du vent, nous avons été jusqu’aux pelouses, sœurette commence à être lourde ! Et Yves lui ne serait pas fâché de faire de longues promenades, c’est malheureux que tu ne sois pas là, vous auriez été vous promener ensemble… comme deux jeunes gens ! dirait Toto.
Je suis assez ennuyée, Roger à la rougeole, pourvu que les notre de l’attrape pas ! Heureusement Yves ne l’a pas vu depuis quelques temps. Il l’a très forte, les yeux sont très pris et la gorge aussi il lui faut des badigeonnages et lui laver les yeux.
Enfin il faut espérer que les enfants étant en bon état, il y a moins de chance qu’il attrape la maladie.
Nous avons été porter nous deux (Yves) ta lettre ce matin. Il faisait plus frais que cette après-midi. Comme je le pensais bien nous avons vu ta mère cette après-midi, elle va toujours mieux, elle t’a écris hier ou avant-hier.

Lundi matin
J’ai laissé ma lettre hier, espérant te lire ce matin et pouvoir ainsi répondre à ta lettre, en effet j’ai eu le plaisir de te lire, mais je suis bien ennuyée de voir que le surmenage recommence. Samedi soir, j’avais comme le pressentiment que tu n’étais pas bien. J’étais toute triste en t’écrivant.
Tu ne me dis pas ce qu’il faudrait pour la classe 18. J’aimerais le savoir car justement on en a parlé vendredi avec qui tu sais, mais je crois qu’il faut toujours être affecté d’abord dans un régiment. Réponds-moi le plus vite possible et si tu pouvais me dire aussi si pour l’affectation dans ce régiment, cela a de l’importance. Ce que tu me dis n’est pas très clair. En attendant j’ai parlé u peu de tout mais je crois que l’important c’est une fois mis au 23 par exemple.
Je te quitte pour ce matin. Je veux que ta lettre parte. Je suivrai ton conseil pour la voiture.
Au revoir mon chéri, à bientôt de bonne nouvelles. Je t’embrasse mille et mille fois.
Tout à toi.
Emilie

Bons baisers et meilleures caresses de Toto et sœurette.

Je t’ai parlé dans une lettre du colonel R., cousin de Tante. Il est très gentil, je le trouve plus sympathique que sa femme. T’ai-je dit qu’il est à l’état major maintenant à Paris ? et que la nombreuse famille mon à 6 maintenant.


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Lettre du 22 avril 1917 de Marcel Sibaud

Valréas - L'églisePierrelatte, le 22 avril 1917

 

Ma petite chérie,
Je n’ai pu me coucher hier soir qu’à 11h ½ et ce matin réveillé à 4h ½. Je me levais à 5h ¼. C’est un régime. En chemin de fer, j’ai préparé une interrogation pour mardi et ce soir en rentrant j’aurai encore pas mal à faire.
Il fait beau mais toujours ce damné mistral. Sur le quai de la gare de Valréas à 7h du matin, le thermomètre placé au nord marquait seulement 4°. Par contre au soleil dans les rares endroits abrités, il fait chaud.
Il paraît que les trains ont un peu moins de retard mais j’ai régulièrement une heure à attendre. Je n’ai pu comme je le craignais avoir ta lettre avant mon départ. Je ne la trouverai que ce soir en rentrant vers 9 heures.
Je te quitte en t’embrassant mille et mille fois ainsi que les petits.

Ton Marcel


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