Lettre du 27 avril 1917 d’Emilie Sibaud

Vincennes, le 27 avril 1917
Vendredi matin

 

J’attendais avec impatience de tes nouvelles, je ne t’avais pas lu mercredi, et hier je n’ai eu ta lettre qu’à 7h.
J’ai été comme je l’avais fait prévoir chez ta mère avec Yves. Il a été très gentil et a bien dit bonjour à une dame avec qui ta mère a fait relation chez les A. et qui a un parent major chef à Salonique, le docteur Perain je crois. Elle m’a bien recommandé de lui dire si tu allais par là, car c’est paraît-il un homme charmant et qui peut être utile.
Nous avons fait la marmite norvégienne et les résultats n’ont pas l’air mauvais jusqu’ici. Je crois que Madame Sibaud a l’intention d’aller en villégiature avec cette dame dont je te parle plus haut, à Fontenay, près de V., au-dessus de Maisse, jusqu’à Montargis.
Le temps a l’air de se remettre au beau, mais nous avons toujours du vent bien désagréable.
Le cousin de ma tante n’est pas coloniale, mais paraît-il il peut demander à avoir la personne dont je te parlais avec lui. J’aurais bien voulu que tu m’écrives quelques détails et si ceux qui ont été comme instructeurs, y ont été envoyés tout de suite ou par leur régiment ?
Madame Parville m’a fait savoir que son fils est capitaine inf. coloniale 54e à Salonique et qu’il trouve le front français beaucoup plus dur, que comme officier il se trouve très bien pour plusieurs raisons où il est. C’est vrai que c’est un colonial ! pour de bon comme dirait Yves.
C’est bien ennuyeux que tu souffres du pied comme cela, il faudrait du repos et ce n’est pas précisément ton régime.
Le fils de notre concierge est en permission de 7 jours. Il vient d’être pris d’hémorragies nasales et souffre du pied. Il est dans le génie, il était tombé dans un puits.
Le fils de Mme Tissier vient d’être blessé ! d’un éclat d’obus à la tête, heureusement qu’il avait un calot qui l’a protégé. Sa blessure est légère. Son second fils Georges est à Salonique pris par les fièvres, avec cela sa vieille mère est très malade.
On a l’air de parler d’une carte de charbon, ma foi je trouverais cela mieux, peut-être ainsi tout le monde en aurait-il ?
Ce sont des petits détails qui ne seraient rien si nous n’avions les deux petits ; sœurette devient de plus en plus mignonne, elle reste des heures dans son petit moïse à me regarder coudre, quand je lui parle elle me sourit gracieusement et parfois quand je ne la regarde pas, elle m’appelle avec des petits cris. Yves tient à t’écrire lui-même, ainsi que te transmettre les caresses de notre toute petite et les amitiés des mamans. Je te quitte en t’envoyant mille et mille baisers.
Tout à toi.

Emilie


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