Lettre du 18 avril 1917 d’Emilie Sibaud

Vincennes, le 18 avril 1917
Mercredi matin

 

Mon chéri,
J’ai reçu ta gentille lettre hier au moment de sortir, malgré le mauvais temps j’allais dire à ta mère qu’il y avait du bois en face de chez nous et qu’à tout hasard je lui en avais pris 30 k. elle a été très contente, moi-même j’en ai commandé aussi 50 k. ; il vaut encore mieux cela que tien à cause des enfants.
Aujourd’hui j’ai Armelle qui vient de passer l’après-midi. Au fond je m’en serais bien passée, c’est un surcoût de besogne et malgré le plaisir que j’ai de la voir, j’aurais préféré qu’elle ne vienne pas. Elle a mis un mot chez la concierge hier matin pour me prévenir qu’elle viendrait travaille à la maison aujourd’hui ; obligation de faire la maison à peu près. Je la recevrai dans notre chambre à cause du feu. Nous sommes d’ailleurs assez gentils, je coirs, pour faire comme cela et puis enfin c’est la guerre ! Je ne crois pas qu’elle amène Abel avec elle. Je le regretterai, cela aurait fait un petit ami pour Yves.
Justement tu me demandes de la graisse pour les souliers, j’en ai mis dans le colis sans savoir, cela tombe bien.
Quel vilain temps nous avons : pluie, vent, froid. Quand sortirons-nous de cet hiver ?
Tiens, voilà sœurette qui pleure. 11h, il va être l’heure que je m’occupe d’elle. Elle a pris son bain et tète à 8h, elle sommeille dans son lit depuis ce temps. Elle est toujours bien mignonne et se porte bien. J’ai laissé le poids d’Yves, car j’ai égaré le papier sur lequel je l’avais noté, mais je sais que cela faisait une augmentation. Je vais sûrement le trouver et je te l’enverrai.
J’enregistre soigneusement tout ce que tu me dis pour les affectations.
Je vais être obligée de te quitter, j’ai tellement à faire. Ah oui je me serais volontiers passée de cette visite !!! J’aimerais mieux rester bavarde avec toi, tranquille. Je n’aime pas écrire en vitesse comme cela et puis c’est le meilleur moment de ma journée gâté. Mais je me rattraperai ce soir. Je t’écris longuement, seulement je voulais que ma lettre parte avant midi.
Yves a été bien content de ton petit mot.
Au revoir mon aimé, à bientôt de tes bonnes nouvelles. Je t’embrasse mille et mille fois.
Tout à toi.

Emilie

Bonnes caresses de sœurette à son papa et bons baisers de bébé Yves.
J’ai écris à Suzanne ces jours derniers et j’ai annoncé que tu étais sergent. Dans quelques temps tu pourras peut-être écrire à mon oncle, lui donner quelques détails sur ta vie militaire. D’ailleurs je t’écrirai notre entrevue de vendredi.


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