Lettre du 31 mars 1917 d’Emilie Sibaud

Vincennes, le 31 mars 1917
Samedi matin

 

Mon chéri,
Le temps a l’air moins laid, j’en profite ce matin pour sortir. Je vais te mettre ton mandat, ce sera ma première sortie, si je vois qu’au soleil il ne fait pas trop mauvais, je ferai faire un petit tour à notre toute petite.
Tout d’abord félicitations pour ton « bien » quoique je ne doute pas qu’il y avait longtemps que tu le méritais.
Ce qui m’ennuie en revanche c’est ton rhume qui recommence, le temps que vous avez et le régime que l’on vous faire suivre en sont certainement les causes.
Bien que Valréas ne te plaise guère, que le climat en soi mauvais, j’aime tout de même mieux te savoir là et je préfère le présent à l’avenir. Nous semblons encore arrêtés dans notre avance et puis quand on vous parle que l’Amérique va s’en mettre, on se demande quand ? Et où cela nous mènera. Je ne crois pas qu’il soit un appoint pour nous. Je suis certaine que les boches seront vaincus, mais à quel prix ! Et combien de temps cela va-t-il encore durer ?
Combien comptes-tu avoir de jours à Pâques ? Mon oncle me disait que tu avais absolument droit à tes 3 jours de naissance pleins à passer ici sans compter le transport.
Je t’envoie comme d’habitude 50 frs, mais si tu juges que tu as besoin de plus, envoie moi une dépêche, peut-être ton voyage va-t-il t’occasionner des frais. Je serais heureuse aussi ; si tu peux me dire à peu près l’heure de ton arrivée et le jour. Je serais contente d’aller au devant de toi.
Tu as dû recevoir maintenant le colis que nous t’avons envoyé samedi dernier, le gros gâteau c’est pour te servir de pain avec les confitures.
Je ne crois pas que tu vois mon oncle à Pâques car il doit aller faire un court voyage, mais ce n’est pas encore sûr. Ils regrettent tous ce contretemps et mon oncle particulièrement car il aurait été heureux de te voir. Ils me l’ont tous répété. Il n’y a pas, tu as la côte.
Je ne t’écris pas longuement car l’heure avance et je tiens à ce que ma lettre parte et te parvienne le plus vite possible.
Sœurette dort dans son petit lit, je vais en profiter pour aller avec Yves faire ma course. Yves est tout content de sortir avec sa maman pour porter la lettre à papasonnedat.
Au revoir mon chéri, à bientôt le plaisir de te lire, d’avoir de bonnes nouvelles. Je t’embrasse bien tendrement de tout cœur.
Tout à toi.

Emilie


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