Valréas, 1.3.1917
Journée plus calme aujourd’hui ; le capitaine a dû se rendre compte que la section était fatiguée ; nous avons fait le trajet en auto et la manœuvre a été moins longue et moins dure.
Le mistral lui aussi était moins fort. J’ai pris hier soir du sirop Rami et ce matin encore ; j’ai bien dormi et n’ai pas toussé. Ce soir j’en reprends encore. Si seulement le vent tombait, il ferait délicieux ; les arbres sont déjà en fleur. Enfin c’est bientôt dimanche. Il est vrai que samedi matin on va encore à la cote 403 et le soir manœuvre de bataillon.
J’ai été bien content de savoir que bébé a augmenté et qu’il est plus « réellement » grassouillet que son papa. Celui-ci n’a plus du tout le même ton de figure ; le soleil et le vent m’ont hâlé comme un séjour au bord de la mer. Mais l’appétit est bon et l’estomac marche bien.
Où diable as-tu retrouvé mon petit décimètre ?
Le missionnaire est un redoublant du dernier cours.
Je n’ai pas trouvé le brouillon de lettre au docteur dont tu me parles et ta lettre était toute recollée ! Est-ce par toi ?
Il ne faut pas te faire de tracas, les beaux jours reviendront. Les Boches reculent. La déclaration de guerre des États-Unis paraît probable, ce sera sûrement fait cette année. Je suis sûr que ton oncle pense bien aussi.
Il est 9h ½ : 2 heures depuis que j’ai dîné, je vais prendre mon sirop.
Je te quitte en t’embrassant mille fois ainsi que bébé Yves.
Ton Marcel