Maisse, le 2 janvier 1917
10 heures – Matin
Mon cher Marcel,
Excuse mon petit morceau de papier ! Je t’écris vite ce matin pour que tu reçoives ma lettre le plus tôt possible.
Nous avons passé une bonne nuit, bébé n’a pour ainsi dire pas toussé ce matin, il t’a réclamé en ouvrant l’œil !
Et toi mon chéri comment as-tu fait ta route ? N’as-tu pas été trop mouillé ? Si tu as besoin d’argent, je peux t’en envoyer par [ ?] et te préviendrais tout de suite, je crois que tu n’as pas pris assez !
Je n’ai toujours rien reçu de Devouger, mais cela ne m’inquiète plus maintenant que je sais que cela ne nous reporte plus au mois prochain.
Comment as-tu passé la nuit ?
Décidément je ne me ferais jamais à la séparation. Comme je voudrais retrouver notre existence d’autrefois !
Le major n’était pas resté cette nuit et on est venu frapper à ses fenêtres sans doute quelqu’un qui était malade. Ce matin on l’a réclamé de nouveau, mais toujours personne !
As-tu été voir pour ton logement ?
Je serais bien heureuse de te lire, mais la correspondance est tellement mal faite, que je n’ai pu avoir de tes nouvelles. Enfin pourvu que ta santé soit bonne.
Je te quitte pour ce matin en t’embrassant bien tendrement.
Tout à toi.
Emilie
Bébé Yves embrasse bien fort son papa chéri.