Vincennes, le 10 avril 1917
Mardi matin – 10h
Mon chéri,
Je viens de rentrer sans encombre. J’ai reçu ce matin encore une lettre de toi, j’en étais toute étonnée, qu’importe c’est un peu de toi, de ta pensée. J’ai trouvé en rentrant Yves et sœurette éveillés. Yves t’a cherché partout et a bien du chagrin que tu ne sois revenu avec moi.
Je vais aller mettre cette lettre avec lui pour le consoler, pauvre petit ! Pauvre moi aussi ! Pauvres nous ! Que cala m’a fait mal de voir le train partir ! Je t’aime tant mon aimé, te voir encore partir, c’est dur d’être aussi séparés !
Je veux espérer que tu vas faire un bon voyage, que tu ne seras pas trop fatigué.
Que te dirai-je encore ? Que je suis triste puisque tu n’es plus là ! Que ma pensée est toute à toi ! Que cette journée va être bien longue en comparaison de celles d’hier et d’avant-hier, qui ont passées si vite !
Que vienne ton retour définitif auprès de nous ! Ce jour-là vois-tu, je crois que je serais folle de joie !
Allons au revoir mon chéri à bientôt le plaisir de te lire.
Je t’embrasse mille et mille fois.
Tout à toi.
Emilie
[Ligne d’Yves]
Mon papa chéri,
Je suis bien triste. Tu es parti et je n’ai pas pu t’embrasser ; fallait me réveiller et j’aurais été au fin fer [chemin de fer] te conduire. Mon papa sergent, je t’embrasse beaucoup de fois avec sœurette.
Ton Yves