Vincennes, le 13 avril 1917
Vendredi matin
Mon chéri,
Je n’ai pas eu encore le plaisir de recevoir de lettres de toi, je m’y attendais bien un peu mais cela me semble bien long.
Hier nous avons reçu une aimable carte de Suzanne adressée à « Melle Marcelle Sibaud », elle vient de Limoges, les voici de retour.
J’ai eu la visite de Mme Sibaud hier aussi, nous avons été acheté les souliers d’Yves, ils me plaisent bien. Je les conserve pour ton séjour près de nous pour parer le mieux possible ton grand garçon.
Maman va retourner voir aujourd’hui pour le charbon chez Bernot. Mais je n’ai pas très grande confiance !
Je vais écrire ces jours-ci à Clermont pour leur dire comment je t’ai trouvé. Je suis si contente de parler de toi, rien que pour la façon dont ils me parlent de toi, je les affectionne particulièrement.
Aujourd’hui je vais continuer les bains de sœurette, elle a l’air si contente dans l’eau, la mignonne. Ce qui m’ennuie c’est de ne pouvoir la faire sortir comme je voudrais, si seulement j’avais la voiture, cela me permettrait de lui faire prendre l’air sans risque de lui faire attraper froid. J’ai communiqué les prix pour la réparation et ta mère les a trouvés bien coûteux, surtout que la marchande craint pour les rayons des roues. 47 fr, c’est le prix de la voiture neuve. Ta mère va demander au Bon Marché mais je doute que ce soit beaucoup moins cher. J’ai bien peur qu’il ne me la garde longtemps et sœurette devient lourde à porter. Ta mère pensait que la réparation monterait à 25 fr. Je suis d’avis que la voiture ne vaux pas plus, mais je n’ai rien dit, je ne sais trop comment faire, c’est très délicat. Ta mère me l’ayant offerte et offrant aussi la réparation, je ne peux pas dire la voiture ne vaux pas cette réparation, d’un autre côté je ne peux pas m’en servir sans !
Enfin ce sont de petits détails dont tu n’as pas à t’occuper. Mais je te raconte tout cela, j’en ai tellement l’habitude !
Voici sœurette qui s’éveille, je vais être obligée de te quitter, elle réclame.
Au revoir, mon chéri à bientôt je l’espère le plaisir de te lire. Je t’embrasse mille et mille fois de tout cœur.
Tout à toi.
Emilie