Lettre du 7 mars 1917 de Marcel Sibaud

Valréas, le 7 mars 1917

 

Ma petite chérie,
Je t’ai envoyé une courte carte ce matin pour ne pas te laisser sous la médiocre impression qu’aurait pu te donner ma précédente lettre.
Le capitaine est assez « rigolo » dans son genre. Ce matin nous faisions de la signalisation à bras, un signal Morse lorsqu’il me dit qu’il allait me transmettre quelque chose. Il va si vite que je ne pus déchiffrer tout mais par la suite j’ai compris. C’était « Est-ce un garçon ou une fille ». Ensuite il m’a causé demandant si tout allait bien et me disant ce que je t’ai dit pour Pâques. Ce matin j’ai reçu ta lettre dont je relis avec plaisir les détails.
D’abord ne t’étonne pas des anomalies dans la transmission des lettres ; avec la suppression des express tout est changé.
Ton expression de « sœurette » est tout à fait gentille. Je ne pense pas que ce soit Yves qui l’ait trouvée tout seul. Je suis content de savoir qu’elle est toujours sage, douce et ne pleure pas ; tant mieux aussi que tu aies beaucoup de lait, plus que pour Yves, qu’est-ce alors ! Mais si sœurette est si vorace, ne te laisse pas épuiser comme pour Yves.
Mais tu me parles beaucoup des petits et peu de toi, n’as-tu pas trop souffert, est-ce que cela a été long ? Comment te trouves-tu maintenant ? N’as-tu pas d’hémorragies ? La doctoresse a-t-elle été bien ?
Ce qui me fait aussi bien plaisir c’est de savoir qu’Yves est gentil avec sa petite sœur. Cela ne m’étonne pas car il a je crois une bonne nature mais comme je le pensais, la présence de sœurette ne pourra que lui faire du bien.
Ici il fait vilain depuis 2 jours. Cela nous dispense de manœuvre ; celle de ce matin a été remise à demain matin à moins de pluie. En revanche les conférences se succèdent sans discontinuer. Eh bien croirais-tu que j’ai tellement l’habitude de l’air que la sortie me manque. J’étais un peu barbouillé ; je ne tousse pas plus et mange quand même. Dimanche prochain décidément je vais consulter.
Pourrais-tu me joindre quelques papiers dans les prochaines lettres, je n’en ai plus de bonne taille.
D’après ce que j’entends dire, il n’y aurait pas d’offensive avant une quinzaine et sons succès ne paraît pas douteux.
J’ai écrit à ton oncle Bellet hier.
Je t’embrasse bien tendrement ainsi que les deux tout petits.

Ton Marcel

Mon cher petit Yves,
Je suis bien content de savoir que tu es gentil avec ta petite sœur ; j’étais sûr que tu comprendrais ton rôle de grand frère.
Je t’embrasse bien des fois dans ton petit cou de poulet et te charge d’embrasser pour moi « sœurette ».
Ton papa caporal
M.S.


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