Lettre du 6 mars 1917 de Marcel Sibaud

Valréas, le 6 mars 1917

 

Ma petite chérie,
Ce matin j’ai eu le plaisir de recevoir ta lettre du 3 ; mais j’ai peur que tu te fasses du mal à écrire, il ne faut pas te forcer ; du moment que j’ai un mot, je suis tranquille.
Aussi c’est décidément Marcelle que s’appelle notre grande fille. Tant mieux qu’elle soit bien sage et puisse-t-elle te fatiguer moins que bébé Yves.
J’ai reçu aussi une lettre d’oncle Emile lundi alors que justement j’avais écrit la veille à Clermont ne sachant si vous aviez pu les prévenir. Ils sont toujours vraiment bien gentils. As-tu écrit à ton oncle Bellet ? En tout cas je vais le faire.
J’espère qu’Yves va devenir tout à fait sérieux dans son rôle d’aîné. Alors Marcelle a ton appétit et serait une brune aux yeux bleus. Quand pourrais-je la voir ?
Aujourd’hui la journée a été plus calme ; je me suis débarrassé de ma carte un peu au hasard puisqu’il était impossible de faire autrement et tu sais combien j’aime peu l’à peu près.
Demain nous partons en manœuvre dès 6h ½ du matin. Il a plus dans la journée et nous avons évité ainsi la manœuvre d’aujourd’hui. Le capitaine n’est pas facile à satisfaire. Mon carnet vient de me revenir, je l’avais beaucoup soigné espérant sortir de l’assez bien et atteindre un bien. Ah oui ! J’ai la note suivante : travail sérieux, mais manque de clarté. Toutes les observations sont dans le même sans distinction d’importance.
Entre nous il est parfois drôle : ainsi pendant le cours on m’apporte le télégramme en réponse au mien. Chose que beaucoup peut-être n’aurait pas faite, je demande permission de l’ouvrir. Eh bien sachant pourtant la situation, il ne m’a pas demandé si ce n’était pas une mauvaise nouvelle.
Il est 9h ½, j’ai dû interrompre ma lettre pour aller copier une note pour demain matin. On n’aura pas un jour tranquille.
Je tousse toujours un peu ; peut-être dimanche me ferais-je porter consultant. Mais cela ne servirait sans doute pas à grand-chose. Il y a un nouveau malade avec fièvre et c’est juste un infirmier qui vient le voir.

Je te quitte en t’embrassant bien tendrement ainsi que nos deux petits chéris.

Ton Marcel


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