Lettre du 4 mars 1917 de Marcel Sibaud

Valréas, le 4 mars 1917

 

Ma petite chérie,

Ce soir j’ai le cafard. D’abord je n’ai pas eu de tes nouvelles. Cela n’a rien d’étonnant car tu n’es guère en posture pour écrire. Mais je me forge des idées ; je me demande si cela continue d’aller bien, si tu n’as pas de fièvre, si la petite est bien entrain, si elle tète, si Yves est gentil avec, enfin des tas de choses.
Un peu fatigué à la fin de la semaine, j’avais laissé différentes choses à faire aujourd’hui ; mais c’était fort raisonnable et je comptais pouvoir, outre me laver, faire un peu de correspondance et me faire couper les cheveux. Mes galons devaient être cousus hier soir mais voilà qu’on me les avait fait rouges je n’en ai pas voulu ; alors on voulait me remettre à lundi ; en insistant j’ai obtenu rendez-vous pour ce matin ; mais ceux de la vareuse étaient à l’envers (on a dû me faire payer l’erreur de la veille car j’en ai eu pour 2 francs) bref une heure de perdue. Je m’étais changé, mis tout propre ; cela n’a pas raté, comme dimanche dernier je me suis tout sali. Enfin et c’est la pire des choses, cette carte que le capitaine a donné à agrandir pour mercredi soir. Tu sais que je n’aime pas sentir de l’ouvrage devant moi, je l’ai attaquée ; entre nous c’est idiot, c’est un vrai pensum et il est impossible, cela je l’affirme, de faire quelque chose de juste. J’en suis empoissonné. Demain 2 interrogations dont une embêtante et voici 7 heures ; je commence seulement à t’écrire. Quelle tâche !
J’ai touché mon mandat et suis tout à fait à flot.
J’attends avec impatience des nouvelles et vous embrasse tous trois bien des fois. Comme je voudrais jeter un petit coup d’œil par-dessus le paravent quand tout le monde dort. Cela doit faire une chambre bien gentille.
Mille baisers de ton Marcel

Amitiés aux mamans.
Une caresse sur grand frère et à la petit sœur.


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