Lettre du 24 février 1917 de Marcel Sibaud

Valréas, 24.2.1917
20h

 

Ma petite chérie,
Ouf ! Quelle journée ! Le matin 2 conférences. Après-déjeuner départ à midi ½ pour manœuvre du bataillon sous les ordres du colonel et retour à… 6h ¼ presque sans arrêt en un terrain absolument chaotique, les crêtes succédant aux crêtes et devant franchir des ravins à première vue impraticables. Enfin c’est fini ! Je viens de dîner confortablement et j’ai été reprendre mon linge. Voici les prix, tu me diras ce que tu en penses.
1 chemise 0,25
1 serviette de table 0,10
1 serviette de bain 0,10
2 mouchoirs 0,10
Chaussettes 0,15
= 0,70
Demain je me changerai et me laverai.
Ce soir je me couche. Mais je suis de plus en plus certain que je ne pourrai mettre à exécution mon projet de dessiner en plein air, j’aurai trop à faire.
Je suis bien content de savoir que tu n’as pas eu de nouveau malaise et je souhaite de tout mon cœur que tout se passe bien ; cela ne doit ne plus tarder, qu’en pense la doctoresse.
Je crois t’avoir dit que le colonel s’appelle à l’orthographe près de Villentroix.
Le missionnaire n’a plus guère que 15 jours ou 3 semaines à passer ici. Je pense bien qu’il sera nommé. Il y a là un autre ecclésiastique qui me cause particulièrement.
Tu as dû te fatiguer beaucoup à confectionner tant de choses pour Yves. Il ne faut pas te surmener. Quel ennui de moins si la température résout la question du chauffage.
Je te quitte ma petite chérie en t’embrassant de tout cœur.
Ton Marcel

Mon petit Yves,
Je suis bien content de savoir que tu es toujours sage ; c’est tout à fait mignon de dormir toute la nuit et surtout de t’endormir tout seul sans fatiguer maman. Tu as bien choisi ton moment puisque cela va être le tour du petit frère d’être endormi avec les bébés. J’attends avec impatience de savoir ton poids et je t’envie de pouvoir prendre un bain. Tu me dis que ton petit lit est presque aussi beau que celui du petit frère et qu’il est tout blanc. Il doit être encore plus gentil quand tu dors dedans en rêvant aux anges que par ta sagesse tu vas faire pâlir.
Reçois un gros baiser dans ton petit cou.
Ton papa soldat

M. Sibaud


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