Milly, le 29.1.17
Ma petite chérie,
Je prends pour toi ma dernière feuille de papier et ma dernière enveloppe ayant écrit à ton oncle Gallo, à Clermont, à la caisse etc. Je viens d’être officiellement avisé de mon envoi à Valréas. D’accord avec le capitaine, je quitterai Milly samedi prochain. Je tâcherai que ce soit le matin, à temps pour que je puisse régler mes affaires à Maisse et prendre si possible le train de 5h20. Je tâcherai aussi, mais ce sera peut-être plus dur, de ne pas arriver de nuit à Maisse avant mon départ.
Comme j’étais enrhumé, Mme Levêque m’a offert après déjeuner un café brûlant. Je t’écris ce soir avant d’aller me coucher ce que je ferai d’assez bonne heure. La propriétaire me propose une infusion de tilleul. On n’est pas plus aimable.
Nous avons été dans la journée en forêt ; il fait toujours très froid.
Je sais qu’une lettre, la tienne sans doute, me court après mais elle ne m’a pas encore rejoint. Celle de maman serait à Maisse.
La major a repris son service aujourd’hui, ce soir il n’est pas très entrain et est allé se coucher à 8 heures. Je le suivrai à peu d’intervalle.
La Malacéïne(1) a bien rétabli l’épideraie de mes narines ; je vais ce soir me graisser le nez : il en a besoin.
J’aurai peut-être de tes nouvelles demain. En attendant, je t’embrasse mille et mille fois ainsi que toto.
Ton Marcel
Amitiés à ta mère.
Ne t’inquiète pas, je n’ai pas encore acheté l’indicateur. Je ne le prendrai pas avant samedi ou dimanche, selon les besoins.