Lettre du 23 janvier 1917 d’Emilie Sibaud

Vincennes, le 23 janvier 1917
Mardi matin

 

Mon cher Marcel,
Je veux espérer que pas de nouvelles, bonnes nouvelles. Je n’ai encore rien reçu de toi ce matin. Je suis inquiète malgré tout et petit Yves qui s’était fait une joie de recevoir une lettre de son papa ! Et puis rien ! Tu es peut-être trop occupé, pourvu qu’il ne te soit rien arrivé de fâcheux. C’est tout ce que je demande.
Hier nous avons eu un bien vilain temps, je suis juste sortie pour aller porter ta lettre, puis j’ai travaillé toute la journée au petit pantalon de bébé Yves.
Aujourd’hui il fait froid mais du soleil pas ce froid sombre des derniers jours. En voyant cette température j’ai bien peur que tu partes à Milly, je crois que ce serait plus dur qu’à Maisse.
Je serais bien heureuse de te lire, de savoir qu’il ne t’est rien arrivé. Je pense que ce matin tu as dû avoir la lettre que je t’ai écrite hier matin.
Yves a été très sage hier, mais il t’a réclamé pour manger la petite soupe au lait, à chaque instant il nous dit aussitôt qu’il entend un petit bruit du côté de l’antichambre «  c’est papa qui vient ! » – pauvre petit Toto, comme il t’aime bien.
Hier soir il est resté très sagement à jouer au domino, il a fait de superbes constructions, ponts et chemin de fer, un futur ingénieur !
Je ne sais si nous sortirons cet après-midi, il fait bien froid, enfin peut-être en couvrant bien bébé, nous risquerons nous à faire une courte promenade. Où est le temps, pourtant pas très loin, où par un temps ensoleillé comme aujourd’hui, nous allions tous les trois faire un tour sur la route d’Etampes. Malgré la vigueur du temps, Maisse avait du bon puisque je pouvais être près de toi !
Peut-être te lirais-je ce soir ? En attendant d’avoir de tes nouvelles, je t’embrasse bien tendrement.

Tout à toi
Emilie
Bonnes amitiés de maman.
Gros baisers d’Yves.


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