Lettre du 24 janvier 1917 d’Emilie Sibaud

Vincennes, le 24 janvier 1917
Mercredi matin

 

Mon cher Marcel,
J’ai reçu ta première lettre hier mardi à 3 heures et ce matin la dernière, elles m’ont fait toutes deux bien plaisir m’apportant de tes bonnes nouvelles. Il aurait été certainement préférable vu la température que tu restes à Maisse où tu aurais moins souffert des intempéries. Mais si du moins Milly te permet de venir dimanche, pardonne mon égoïsme ! Je serai presque heureuse du changement puisque cela permettra de t’avoir un peu près de moi. Sais-tu que cette semaine me semble bien longue en la comparant à la dernière. J’ai beau m’occuper beaucoup, le temps loin de toi est monotone et triste.
Ton départ à Milly fût certainement l’occasion de frais, réponds moi par retour si je dois t’envoyer un mandat, prends une chambre et si tu le peux couches-y,  fait toi faire du feu, si tu as pu louer chez Melle Lacroix tu seras peut-être mieux et surtout n’hésite pas le soir à aller prendre un café ou une boisson chaude avant de venir travailler ; mais surtout écris-moi si je dois t’envoyer de l’argent, cela m’inquiète de te savoir avec si peu sur toi. Il est vrai que tu peux ne payer ta chambre par exemple que lundi.
A propos de charbon, je n’ai pu encore voir M. Billaud, on va essayer aujourd’hui ; en revanche je crois que je vais recevoir ce matin de beaux boulets de chez Alagaud. Je prends tout ce que je trouve en fait de combustibles. Il fait très froid, malgré le beau soleil.
Hier au soir mardi, j’ai vu Mme Sibaud, son rhume va beaucoup mieux, je lui est donné en même temps de tes nouvelles que je venais de recevoir.
Tu me demandes si bébé est sage ; oui très sage, et il fait de bonnes nuits ce qui est appréciable.
Dans ta dernière lettre, tu me dis que vous entendez le canon, en effet on n’en parle pas du tout dans les communes.
Je t’envoie cette lettre à Milly où je l’espère elle te parviendra plus vite que lorsque nous étions à Maisse.
J’ai passé pour tes cahiers, on n’a jamais voulu que je paie, c’était trop peu de chose !
Ne t’occupe pas de provisions cela te serait trop difficile de Milly.
Je te quitte mon chéri pour ce matin, espérant te lire bientôt et recevoir de tes bonnes nouvelles en attendant je t’embrasse bien tendrement de tout cœur.

Tout à toi.
Emilie

[Ligne d’Yves] Un gros baiser à mon papa chéri, ton petit Yves.


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